Voici plus d’un mois que mon défi «un article par jour pendant un an» sur ce blog est terminé. C’est l’occasion de réfléchir sur ce que m’a apporté cette expérience.

La genèse

D’abord, comment tout ceci a démarré ? Par un sentiment de stagnation dans mon métier, une envie de nouveauté et une volonté de sortir de ma zone de confort. Quelques années auparavant, j’avais déjà eu une expérience de blog et écris quelques articles techniques. Mais je n’avais jamais réussi à faire «vivre» ce blog, ni à vraiment me «l’approprier». Je n’avais aussi jamais eu la discipline pour me conformer à une fréquence de publication régulière. J’avais tenté d’écrire toutes les semaines, tout les 15 jours, une fois par mois, etc. Ça fonctionnait deux ou trois de suite, puis je finissais immanquablement par oublier, ou bien je considérais qu’un article n’était pas encore prêt à être publier, que je pouvais mieux faire.

Publier chaque jour me semblait être la solution idéale pour voir de quoi j’étais capable. Après y avoir réfléchit le temps d’un week-end, j’ai donc décidé de me lancer. Si j’y avais réfléchit plus longuement, j’aurais sans doute reculé, attendu… et oublié.

Écrire ou être lu

J’avais décidé dès le début, que l’important était «d’écrire», pas «d’être lu». Malgré tout, et parce que l’orgueil n’est jamais bien loin, j’ai tout de même ajouté un script de statistique de fréquentation dès le premier article. Juste pour voir. Cette année d’article quotidien a été divisé en deux. Les 6 premiers mois, je suis devenu accro aux statistiques. Malgré ce que j’avais décidé, j’apportais une grande importance à la fréquentation, sans toutefois rien mettre en place pour l’augmenter.

Et puis, quasiment du jour au lendemain, j’en ai eu marre. Je n’ai pas regardé une seule fois les statistiques pendant les 6 derniers mois. J’écrivais un article technique tout les jours et c’était suffisant. C’était devenu un réflexe. Ça faisait réellement partie intégrante de moi. Les statistiques de fréquentation ne m’intéressaient plus du tout.

Phénomène intéressant, malgré l’écriture d’articles très courts, je vivais «blog», je mangeais «blog», je pensais «blog» toute la journée. Tant qu’il n’était pas écrit et envoyé, il y avait toujours un coin de mon esprit qui se focalisait sur l’article à venir. Le dernier mois, j’avais vraiment hâte que ça se termine.

L’expérience

Qu’est-ce que cette expérience m’a apportée ? Si c’était à refaire, est-ce que je replongerais ? Y a-t-il eu des problèmes ? Est-ce que je conseillerais de le faire ? Autant de questions auxquelles je vais tenter de répondre.

aller à l’essentiel

Quand j’explique quelque chose oralement, j’ai une tendance naturelle à digresser, combinée à une tendance à chercher le mot juste pendant longtemps (10, 20 ou même 30 secondes, enfin bref, longtemps). Autant dire que ça n’est pas toujours bien perçu, que ça ne fait pas pro, toussa, toussa.

Et bien l’écriture d’un article par jour pendant un an m’a servi pour mieux gérer ce défaut. Quand tu dois écrire tout de suite, maintenant, sans attendre, tu dois aller à l’essentiel. Tu ne peux pas te permettre de te perdre en détails futiles ou de prendre un quart d’heure à trouver une métaphore subtile. Juste, tu écris sur ton sujet.

expliquer c’est comprendre

Comme disais l’autre «on énonce bien que ce qu’on comprend bien». J’ai parfois du faire des recherches en profondeur pour pouvoir expliquer un sujet en apparence simple. Pour que l’explication soit claire, il me fallait avoir une vision encore plus claire du sujet.

Ça n’a pas fonctionné à chaque fois. Forcément, sur 365 jours il y a eu des ratés, en grande partie dues au manque de temps. Mais dans l’ensemble, j’ai approfondi des sujets, des concepts, des idées et des programmes que je manipulais au quotidien sans toujours bien les comprendre.

auto documentation

Quand on apprend une nouvelle astuce, quand un concept s’éclaircit soudain dans notre esprit, qu’est-ce qu’on en fait ? Comment retenir cela ? On a chacun nos trucs pour ça. Le mien, pendant un an, a été d’écrire un article dessus. Bloguer sur un sujet aide grandement à s’en souvenir. Et si on oublie malgré tout, une recherche sur le blog est très rapide.

essayer de nouvelle chose

Avant même d’écrire le premier article, j’avais déjà peur de manquer de sujet. Je ne voyais pas comment il me serait possible de pondre 365 articles différents.

En fait ça a été très simple, et les idées semblaient comme pleuvoir toutes seules. Un article en appelait un autre, qui appelait une suite, qui me faisait rebondir sur un autre sujet, qui piquait ma curiosité sur tel autre concept, etc… Ça donnait une sorte de mouvement perpétuel.

Je suis donc loin d’avoir manqué d’idées pour mes articles, c’est même carrément le contraire qui s’est produit. J’ai eu trop d’idées ! Un de mes regret concernant le blog est d’avoir laissé inachevées plusieurs séries d’articles.

une notoriété

Sans conteste, écrire un article par jour pendant un an m’a apporté plus de notoriété. Rien d’extraordinaire quand même, mon compte twitter @lkdjiin est passé en un an d’une trentaine d’abonnés à quelque chose comme 185. À noter que je n’ai rien fait pour entretenir/améliorer cet apport de notoriété. Je me suis contenté de poster chaque jour le lien de mes articles sur twitter, google+ et Human Coders (quand j’y pensais !).

Je suis certain qu’une personne plus versée que moi dans la communication aurait pu en tirer un parti très intéressant.

un nouveau boulot

Autre fait et non des moindres, lié au point précédent, est que cette visibilité m’a permis de recevoir des propositions de travail. J’en ai même accepté une, chez Tigerlily ! Bien que je n’étais pas du tout en recherche active d’emploi, quand on te dit «Viens travailler pour nous.» ça fait beaucoup de bien à l’égo. Je suis aujourd’hui un développeur Ruby heureux, qui se tape 3 heures de transport en commun quotidien. Mais heureux, etc…

En conclusion

Alors, si c’était à refaire ?

Bien sûr, je le referais sans hésiter. Comment je pourrais dire non avec tout ce que je viens de vous raconter ? Par contre, je préparerais mieux le projet. Octopress, par exemple, ne m’a pas convaincu techniquement sur le long terme. J’essaierais aussi de «communiquer» plus et plus sérieusement, pour voir si j’en suis capable. En fait, j’essaierais de tirer encore plus de cette aventure.

Des problèmes ?

Pas vraiment. À part des petits soucis techniques avec Octopress, mais rien qui ne se solutionne après quelques arrachage de cheveux.

Le conseillerais-je à d’autres ?

Oui et non. Un an, c’est long. Je ne crois pas qu’on puisse faire ça n’importe quand dans sa vie. Je pense qu’une certaine stabilité financière et/ou familiale aide énormément. Est-ce que j’aurais réussi sans le soutien de ma femme qui, chaque jour pendant un an, me fichait une paix royale quand je devais écrire ? Pas sûr du tout. Est-ce que j’aurais eu la tête à écrire tout les jours si dès le réveil ma première pensée avait été «comment je nourris ma famille aujourd’hui ?». Pas certain là non plus. Bref, je reconnais que j’ai disposé de certains privilèges qui m’ont permis de mener ce projet à son terme.

Quoiqu’il en soit, je conseille vraiment à chacun de tenir un blog et de se faire des «runs». Écrire un article par jour, au choix :

  • pendant une semaine
  • pendant une quinzaine
  • pendant 3 jours
  • jusqu’aux prochaines vacances
  • etc

Vous en tirerez toujours quelque chose…